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Titre: université, savoir et société en algerie
Auteur(s): Chalamallah, Mohamed
Mots-clés: université
savoir ,université
societe, algerie
Date de publication: 2011
Résumé: Nous nous sommes interrogés sur la faiblesse de la production scientifique en Algérie relativement au potentiel disponible de chercheurs. Nous avons rapporté les faibles performances de l’université en tant qu’institution de production de savoir à l’inutilité sociale des produits de la recherche, à l’absence de demande sociale de savoir. Une société rentière qui renonce au défi de compétitivité, qui se détourne de l’efficacité et refuse d’éclairer son action par le savoir n’à que faire de l’université, des connaissances qu’elle crée et des diverses élites professionnelles qu’elle forme. La disponibilité de la rente et sa redistribution dans une société qui consomme ce qu’elle ne produit pas, permettent d’assurer la reproduction de la domination sociale par la bureaucratie d’état. La marginalisation de l’université dans la société est mortelle pour cette institution, qui est contrainte au repli sur soi et à l’autisme. Coupée de son objet d’étude, celle-ci est alors entravée dans l’exercice de ses deux missions fondamentales : d’une part la mission d’assurer à ses étudiants une formation actualisée et pertinente, ouverte sur le milieu professionnel, et d’autre part la mission de recherche qui suppose l’analyse des problèmes scientifiques et technologiques se posant à la société, notamment, à l’économie pour y apporter des réponses. L’entreprise et l’université deviennent ainsi deux institutions interdépendantes qui se développent par leur complémentarité. Isolée l’une de l’autre, chacune décline et dépérit. En effet, la compétitivité des entreprises et de l’économie est conditionnée par leur capacité à s’adapter, à intégrer les progrès des sciences et de la technologie, à innover sans cesse. Pour assurer sa survie, l’entreprise est ainsi contrainte à recourir à l’université pour l’aider à prendre en charge ses besoins en études et en recherche développement. Par son activité d’innovation, de création continue, l’entreprise économique constitue une partie intégrante du champ scientifique. La créativité scientifique est fonction de la qualité et de l’intensité des échanges au sein des communautés scientifiques locales organisées et de l’insertion de celles-ci dans les réseaux académiques nationaux et mondiaux. La gestion bureaucratique qui exclut par définition la participation et la concertation est aux antipodes du mode de gestion requis par les institutions universitaires qui implique collégialité, décentralisation et flexibilité. La gestion autoritaire, pyramidale neutralise l’émergence d’équipes, de collectifs de travail formés d’enseignants chercheurs qui tendent à se constituer naturellement, de manière autonome à partir des nécessités inhérentes aux activités académiques. Adapter la gouvernance aux nécessités de fonctionnement des institutions académiques implique le passage à un modèle d’administration qui s’attache à relier, à faire coopérer, à insérer les équipes et les personnes dans les multiples réseaux entrecroisés internes et externes à l’institution et à favoriser les synergies avec l’environnement. La gestion bureaucratique de la société segmente verticalement celle-ci, empêchant les interactions entre les grands secteurs dont les activités sont complémentaires ; à l’intérieur de chacune des institutions publiques, elle divise, démultiplie les cloisonnements, du sommet à la base entre directions, départements et services. Elle disperse les énergies, bloquant la formation de forces collectives au niveau des acteurs du terrain. L’université souffre, sur le plan interne, d’une grave crise de gouvernance qui est, elle-même, l’expression d’une crise plus globale de la gouvernance de l’état, source de contre performances et d’énormes gaspillages des ressources humaines et matérielles dans le système de formation supérieur et de recherche comme dans l’ensemble des secteurs de la société. Le détournement des appareils d’état vers une gestion privative par les réseaux d’intérêts, la légitimation du pouvoir par l’entretien du clientélisme électoral, par le populisme et l’achat de la paix sociale rendent la reproduction du système politique toujours plus onéreuse et davantage tributaire de la redistribution d’un niveau de plus en plus élevé d’une rente qui va vers son épuisement. Le pays ne saurait se dégager de la dépendance de la rente et évoluer vers une économie productive sans s’orienter vers un développement axé sur le savoir et donc sans reconstruire une université défaillante comme pierre angulaire de ce développement. Toute tentative de reconstruction de cette institution bute, cependant, sur un mode bureaucratique de gestion qui rend celle-ci irréformable. L’université est solidaire dans sa structure organisationnelle et dans sa logique de fonctionnement des autres institutions de l’état. La réforme de la gouvernance de l’université ne peut se faire isolément, sans une réforme d’ensemble de l’état, de ses modalités d’intervention comme de ses rapports avec le marché et la société civile. Autrement dit, la libération des potentialités universitaires -comme de celles des autres champs sociaux, notamment le champ économique- est fonction des avancées dans la voie de la démocratisation de la société ; et de l’établissement progressif des conditions politiques d’un état de droit par la séparation des pouvoirs et la substitution du fonctionnement institutionnel et impersonnel au fonctionnement informel et clientélaire de l’état. La bureaucratie ne tolère pas l’apparition dans l’institution universitaire ou dans les autres institutions de la société, de toute association qui pourrait apparaître comme un pouvoir concurrent naissant à partir de la base et susceptible d’échapper à son contrôle. Les universitaires sont ainsi atomisés, isolés les uns des autres et dépossédés de leur droit à gérer en tant que collectif autonome les activités scientifiques selon les exigences inhérentes à celles-ci ; de même les ingénieurs et les managers sont dessaisis de la gestion de l’entreprise industrielle, les médecins de celle de la santé etc. M. hocine Khalfaoui écrit pertinemment «Aujourd’hui la bureaucratie voudrait … construire une société sans sa population, une industrie sans ingénieurs, une université sans universitaires, une science sans scientifique. »19 L’émergence de tout corps intermédiaire entre le pouvoir et la société que ce soit sur la base de la compétence professionnelle ou sous la forme d’une organisation de la société civile issue de la libre association de citoyens est soit récupéré soit endiguée.
Description: note bibliogr
URI/URL: http://localhost:8080/xmlui/handle/CREAD/47
Collection(s) :L’université Algérienne et sa gouvernance

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